L’hiver en Chine. Une ville enneigée. Le jour tombe. Enveloppée dans son manteau, une femme s’avance lentement. Elle traverse une cité puis rentre dans son modeste appartement. Fengming s’installe au creux du fauteuil de son salon. Elle se rappelle. Ses souvenirs nous ramènent aux débuts, en 1949. Commence alors la traversée de plus de 30 ans de sa vie et de cette nouvelle Chine.
Critique lors de la sortie en salle le 07/03/2012
Par Samuel Douhaire
En 2003, A l'ouest des rails révélait Wang Bing. Sa grande fresque documentaire, de plus de neuf heures, racontait la fin d'un monde, avec le démantèlement d'un gigantesque complexe industriel chinois. Ensuite, le cinéaste s'est lancé dans un projet de fiction sur les camps de rééducation des années 1950-1960. Parti à la recherche des survivants et des familles des victimes, il a rencontré He Fengming, une ancienne journaliste dont le mari est mort de faim dans un des goulags maoïstes. Le témoignage de la vieille dame était si impressionnant que le cinéaste a choisi de lui consacrer un documentaire-fleuve.
Trois heures de quasi-monologue en longs plans fixes, des images sombres, parfois Г la limite de la visibilitГ©. la parole de madame Fengming se mГ©rite. Mais elle vaut la peine. ses souvenirs intimes fournissent un Г©clairage passionnant - et terrifiant - sur l'histoire contemporaine de la Chine, entre espoirs et dГ©sillusions, mensonges et barbarie. Le rГ©cit de son pГ©riple pour rejoindre le camp de son Г©poux, puis, trente ans aprГЁs, pour retrouver sa sГ©pulture dans le dГ©sert de Gobi est poignant. Wang Bing y a puisГ© l'inspiration pour Г©crire plusieurs scГЁnes parmi les plus fortes de l'admirable FossГ©. fiction qui sort en salles mercredi prochain.